Lot 50
  • 50

Lettre autographe à Ernest Feydeau. [Paris, 7 février 1872].

Estimate
4,000 - 6,000 EUR
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Description

  • Flaubert, Gustave
  • Lettre autographe à Ernest Feydeau.[Paris, 7 février 1872].
Une page in-8 à l'encre noire sur un double feuillet de papier vergé.

Literature

Lettre publiée dans Correspondance de Flaubert, éd. Conard, 1930, VI,  p. 348, n°1265--Correspondance, La Pléiade, 1997, T. IV, p. 476.

Catalogue Note

Infect impérialiste !
Je ne vais pas te voir
1° parce que j'ai une
grippe abominable
et 2° parce que tes opinions politiques
me dégoûtent.
Dès que je serai rétabli, j'irai chez toi
pour T'ASSASSINER !
Tremble !!!
Vive Marat !
[signé :] Son ombre
mercredi soir

Père du célèbre auteur de boulevard Georges Feydeau, Ernest Feydeau (1821-1873) était coulissier à la Bourse et passionné d'écriture. Il épouse la fille d'Auguste Blanqui en 1847, et rencontre le succès dix ans plus tard avec Fanny. Le roman connait en quelques années une trentaine d'éditions. Sainte-Beuve et d'autres critiques estimaient si fort Fanny que certains d'entre eux n'hésitèrent pas à placer le roman au-dessus de celui de son grand ami Gustave Flaubert, Madame Bovary.
Les deux hommes s'étaient connus en 1856, et liés rapidement d'une amitié profonde et d'une grande complicité littéraire, comme en témoigne une importante correspondance. Flaubert fit souvent appel à Feydeau pour la correction de ses œuvres.
On sait que Flaubert songea un moment, en cette année 1872, à se brouiller avec Feydeau, non pas tant à cause de ses opinions politiques – plutôt républicaines – qu'à cause de sa dernière oeuvre, roman « obscène » commis par celui-ci et qui le dégoûte. Ce roman érotique dont Feydeau fait lire le manuscrit à son ami, aujourd'hui connu sous le nom de Souvenirs d'une Cocodette, fut publié après la mort de Feydeau sous le nom de Mémoires d'une demoiselle de bonne famille. " Tellement lubrique et indécent qu'aucun éditeur n'a consenti à le prendre " explique Flaubert, il parait posthumement à Londres en 1877. Il fait partie désormais des classiques du « second rayon » du XIXe siècle.
Le nom du célèbre pamphlétaire révolutionnaire, Marat, revient parfois sous la plume de Flaubert, quand, à bout devant l'ignominie sociale ou autre, l'écrivain s'identifie à « l'ami du Peuple » dans ses penchants les plus meurtriers.