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[Lettre autographe signée au duc de Bellièvre]. xxviii [mars ou avril 1588].
Description
- Henri de Lorraine, duc de Guise
- [Lettre autographe signée au duc de Bellièvre].xxviii [mars ou avril 1588].
Literature
Catalogue Note
Belle lettre du chef de la Ligue, lequel, contrôlant militairement la Picardie, s'inquiète du sort réservé aux prisonniers sous son autorité par le capitaine Bonouvrier, officier aux ordres de son plus important rival, le duc d'Epernon, favori du roi.
Le duc de Guise s'adresse au duc de Bellièvre, dépêché par Henri III en Champagne avec Zamet pour tenter de régler les rivalités entre les ducs de Guise et d'Epernon. Il demandera en mai 1588 officiellement au roi l'éloignement du favori.
Monsieur,
Je viens de recevoir une lettre de picardie par laquelle on me mande que deppuis larryvee du Cap[itaine] bonnouvrier à Boulongne lon a fait sygner par force certins papiers aus prisonniers qui y sont llesquels yl raporte / et les a rudement resserrez / chose bien différente à ce que le s.r Zamet nous dit il y a catre jours / Je nen ay point voulu rien mander au Roy ny à la Reyne seulement vous en faire ce mot pour vous supplier dy faire donner ordre / Ilz mescrivet aussy que les soldats traictet fort mal ceux du pais comme silz estoient ennemys / voila Monsieur ce que lon mescrit. Et ou je feray fin par mes tres affectionnées recommandations à Vos bonnes graces de Challons ce xxviii [mars ou avril 1588]
V[otre] tres affectionné amy
Henry de Lorraine
Henri de Guise est alors à Châlon, ville traditionnelle catholique liée à la Ligue, en sa qualité de gouverneur de Champagne, et observe avec méfiance les avancées des troupes d'Henri III en avril 1588 sur la Picardie, région sur laquelle il conserve de moins en moins d'influence. Le gouvernement de Picardie ainsi que celui du Boulonnais ont échu cette même année au duc de Nevers, sous l'influence d'Epernon. L'octroi de ces charges au parti du roi est destiné à court-circuiter l'influence des Guise dans ces deux régions clés du nord de la France, et ne font qu'exacerber les tensions entre les partis de la Ligue et du roi, les fragilisant devant les protestants d'Henri de Navarre, leur ennemi commun. Dans ces jeux politiques à trois où chacun est manipulé par les deux partis adverses, le duc de Guise se plaint souvent et réclame qu'on cesse de lui "chercher noise".
Radicalisé, et menaçant de reprendre le contrôle sur Paris, Henri de Guise est assassiné sur ordre du roi le 23 décembre de cette année 1588.