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Jacques-Henri Sablet Morges 1749-1803 Paris
Description
- Jacques-Henri Sablet
- Un père et ses deux filles dans un paysage
- Signé en bas vers le centre Sablet
- Huile sur toile
Literature
Catalogue Note
Jacques Sablet, d'origine suisse, étudia à Paris à l'Académie Royale sous la direction de Joseph-Marie Vien, de même que son frère aîné Jean-François. Quand Vien devint directeur de l'Académie de France à Rome en 1775, les Sablet le rejoignirent et entrèrent dans le cercle d'artistes et d'intellectuels des expatriés français en Italie. En 1791, Jacques Sablet obtient le deuxième prix de Rome et dès lors, il envoie des ouvrages au Salon. Le gouvernement lui octroie pension et logement au Louvre. Il est alors très lié avec la famille Bonaparte.
Sablet a touché à différents genres, histoire, mythologie, scène de moeurs, mais c'est dans les portraits sur fond de paysages, de petit format, demandés par de nombreux amateurs qu'il se spécialise. Dès 1787, il développe avec succès la formule des conversation piece reprenant une tradition anglaise de portraits de famille, à petite échelle, le plus souvent situés en plein air. C'est à ce nouveau genre qui plait infiniment, qu'appartient le présent portrait d'Un père et ses deux filles. Anne van de Sandt a consacré un article dans la revue Antologia di Belle Arti (voir opus cité ) au portrait de la princesse Leonora Chigi (conservé au Los Angeles County Museum of Art), commandé à Sablet en 1793, qu'elle définit comme portrait arcadien. Elle met également en regard notre portrait d'un Père avec ses deux filles avec deux portraits peints par l'artiste vers 1798 pour Lucien Bonaparte : celui de Christine Boyer dans un paysage, et son pendant, où veuf inconsolable, il est assis au pied d'un arbre (Musée Fesch, Ajaccio). L'artiste a réalisé son chef-d'oeuvre dans le genre en 1791, avec l'Elégie romaine, double portrait devant la pyramide de Cestius, manifeste maçonnique, conservé actuellement au musée des Beaux-Arts de Brest. Anne van de Sandt mentionne alors ainsi le portrait présenté ici : " Sablet aura encore plus d'une fois l''occasion de peindre des portraits dans des cimetières, dont on rencontre la mention dans des livrets de Salon, ou que l'on a la joie de retrouver dans des collections d'amateurs, tel le portrait mélancolique mais combien bouleversant, tant les sentiments effleurent ce qui est retenu au fond de nous-mêmes, celui d'un Père et ses deux filles, toujours au pied d'un arbre symbolique."
L'esprit de ces portraits est en général peu officiel, les personnages sont intégrés dans le paysage avec naturel. Comme l'indique Jean-Pierre Cuzin dans son introduction "Jacques Sablet, ou la peinture du temps qui s'écoule " à l'exposition Les Frères Sablet de Anne van de Sandt, Nantes, Lausanne, Rome, 1985, pp.1-7 : "Batoni vient de mourir, et le temps est passé, la mode est révolue de ses grands portraits où les Anglais de passage se faisaient peindre sur fond d'antiques dans un contrapposto élégant (....). Par l'accent irremplaçable de discrétion et de sincérité qu'ils développent, les tableaux de Sablet témoignent mieux que ceux de tout autre artiste, combien à la fin des années 1780, était grand le besoin de simplicité, on voudrait dire de candeur, après un siècle de portraits mis en scène dans un fracas d'étoffes (...). Il y eut alors comme un besoin d'air frais, un souci de plus d'âme... ".