Lot 38
  • 38

Encoignure ouverte en bois de violette, satiné et amarante d'époque Louis XV livrée par Gilles Joubert en 1769 pour le château de Saint-Hubert

Estimate
50,000 - 70,000 EUR
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Description

  • Dim. 83 x 75 x 56 cm
  • Dim. 32 2/3 x 29 1/2 x 22 in
l'intérieur en satiné à encadrements d'amarante ; la ceinture et les montants à défoncement ornés d'une frise de poste à fleurs de lys et chutes de feuilles de laurier et rosettes en bronze verni ; avec une estampille J.B GALET ; dessus  de marbre brèche d'Alep

Catalogue Note

Ce meuble fait partie d'un ensemble de cinq encoignures dont deux d'entre elles estampillées de Joubert ont été publiées par Pierre Verlet (Le Mobilier Royal  Français vol IV, Paris 1990, pp 60 et 61). Elles sont aujourd'hui conservées dans une collection particulière. Trois encoignures sont donc aujourd'hui identifiées et deux restent à découvrir. Nous disposons de deux importants documents pour en retracer l'historique ; le journal du Garde-Meuble pour l'année 1769 et le mémoire de l'ébéniste du roi Gilles Joubert.

Journal du Garde-Meuble de la Couronne du 19 Novembre 1769 (AN  O1 3319, Fol.15 verso) :

" Pour servir dans trois nouveaux logements dont deux pour Mesdames Sophie et Louise de France et l’autre pour Madame la comtesse Du Barry au château de Saint-Hubert. N 2566 – cinq encoignures de bois violet et rose à placages à dessus  de marbre brèche d’Alep et deux tablettes en dedans, ornés de carderons, moulures, chutes, agrafes en bronze ciselé et doré d’or moulu, dont trois de 20 pouces d’équerre  et deux de 15 pouces d’équerre ( …)"

Notre encoignure fit donc partie de la première suite de trois livrées (54 cm d’équerre soit 20 pouces) et appartint d'après ces documents soit à Mesdames filles de Louis XV, soit à madame Du Barry

Par chance la facture de Gilles Joubert de ces meubles, conservée aux Archives Nationales, nous apporte des précisions très importantes (AN O1 3621) :

"Pour servir dans trois nouveaux appartemens au château de St Hubert… Trois encoignures bois violet  et rose et satiné de 20 pouces d’équerre sur 30 pouces de haut, sans porte mais plaqués en dedans sur toutes les faces et sur la tablette des deux côtés ornée d’une moulure en porte au haut et d’une agraffe en fleur de lys, de trois pieds de biche, de quatre ornements sur les pieds élégis, de 4 rozettes, le tout de bronzes cizelées et surdorés d’or moulu avec chacune leur dessus de marbre brèche d’Alep parfait à 366 l. piece, les trois vallent…….    1098 l.                                       

Deux éléments essentiels sont mentionnés dans la facture ; premièrement il n’y avait bien qu’une seule tablette (comme sur l'encoignure présentée) et non pas deux comme mentionné dans le journal du Garde-Meuble. Le second élément est la présence de la fleur de lys absente sur les deux encoignures étudiées par Verlet indiquant que l'encoignure de la collection Gonzalez-Palacios appartint soit à madame Sophie, soit à madame Louise. En effet, il n'est pas envisageable que madame Du Barry posséda des symboles royaux dans ses appartements.

Dans l’inventaire général du Garde Meuble de 1775, les encoignures sont décrites comme étant toujours à Saint Hubert . Elles y restèrent probablement jusqu’en 1785 date à laquelle le château de Saint Hubert  fut en grande partie démeublé. En tout état de cause, elles ont quittées le château en 1787, date du dernier inventaire. Une grande partie du mobilier fut envoyé au château de Rambouillet acheté au duc de Penthièvre, mais également au château de Saint Cloud.

Le château de Saint Hubert

Situé au cœur de la forêt de Rambouillet, le pavillon de chasse de Saint Hubert fut construit par l’architecte Ange Jacques Gabriel de 1755 à 1758.En bordure de l’étang de Pourras creusé sous Louis XIV pour alimenter les eaux de Versailles, le château de Saint Hubert fut élevé très rapidement au titre de résidence royale. Sans cesse agrandi de 1761 à 1772 pour y loger la Cour, le château comptait plus de cent cinquante appartements. Les plus grands artistes le décorèrent. Les sculpteurs Slodtz, Rousseau, Pigalle, Falconet, Coustou, les peintres Bachelier et Van Loo participèrent à sa décoration. Saint Hubert est surtout célèbre par son grand salon à l’italienne aux stucs de Clérici et aux bras de Caffieri à trophée de chasse.

Après le démeublement, vint le temps de la destruction. Pour éviter des travaux d’entretien coûteux, les ailes des communs de l’avant-cour furent détruites dés 1785. Le château subsiste jusqu’au Second Empire où il est alors démoli. Seule la terrasse à décrochement sur l’étang de Pourras perdure jusqu’à nos jours.