Francis Picabia

Suzanne Romain, Paris
Don du précédent propriétaire au propriétaire actuel

Paris, Galeries Nationales du Grand Palais, Francis Picabia, 1976,  cat. 227, illustré p. 169
Madrid, Salas Pablo Ruiz Picasso del Ministerio de Cultura; Barcelone, Centre culturel de la Caixas de Pensions, Francis Picabia, 1985, cat. 154, illustré p. 203
Paris, Didier Imbert Fine Arts, Picabia, 1990, cat. 74, illustré
Nice, Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain; Gijon, El Palacio Revillagigedo, Centro Internacional de Arte, Picabia et la Côte d'Azur, 1991, cat. 93, illustré p. 127
Grenoble, Musée de Grenoble;  Genève, Musée du Petit Palais, Francis Picabia, les Nus et la méthode, 1998-1998, no. 30 illustré p. 78
Tokyo, Isetan Museum of Art; Fukushima, Iwaki City Art Museum; Osaka, The Museum of Art, Kintetsu, Francis Picabia, 1999-2000, no. 66, reproduit p. 125
Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville, Francis Picabia, Singulier idéal, 2002-2003, cat. p. 356, reproduit p. 357

William A. Camfield, Francis Picabia, His Art, Life and Times, Princeton, 1979, illustré fig. 227
Maria Lluisa Borras, Picabia, Barcelone, 1985, fig no. 909 illustré p. 429, cat. no. 755
Sara Cochran, le Nu dans la peinture de Francis Picabia: 1939-1944, Paris, 1995, fig. 33, 33a.
Cathy Bernheim, Picabia, Paris, 1995, illustré p. VIII

The work is unlined, on original canvas. There is an uneven yellow varnish. Some minor cracquelure around the head of the man. Under UV light, there are tiny scattered areas that fluoresce (around the man's left eye, on the upper part of the woman's left thigh, in the woman's hair, and in the lower right corner). This is in very good, original condition.
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Installé dans le Midi de la France depuis 1925, Picabia y élabore entre autre, durant la deuxième guerre mondiale, sa fameuse série de Nus dont Printemps est un des exemples les plus importants. Cette série de tableaux réalistes a pendant longtemps été décriée par la critique qui y voyait une dégénérescence de la peinture du peintre et une autre manifestation de ses changements de style incessants. Il est accusé de manquer de sérieux et d'engagement en ces temps de guerre notamment dans son choix de sujets frivoles. Son retour à l'abstraction dès son retour à Paris sera d'ailleurs interprété comme un rejet de sa période précédente. Mais Picabia a toujours revendiqué l'humour et la liberté d'expression sans obéir ou se conforter à aucune règle extérieure. Rupture stylistique, provocation et scandale rythment son œuvre en permanence.

Il est cependant une constante sous-jacente dans les procédés créatifs du peintre : l'emploi de la photographie comme source d'inspiration et ce, dès ses premiers tableaux impressionnistes. Mais pour sa série des Nus des années de guerre, le type d'images utilisé comme support créatif est déconcertant : des photographies issues de magazines de charme des années 30. Pour Printemps, Picabia utilise deux images issues de Paris Magazine et Paris Sex Appeal pour créer ses personnages. En les transposant en peinture, il respecte les plus petits détails tels que les ombres des plis du drap et du costume de bain de la jeune femme. Au lieu de s'inspirer des photographies, il les imite fidèlement dans leurs moindres effets, raccourcis et jeux de lumière. Vues plongeantes, diagonales, coupes audacieuses se rapprochent ainsi des expériences photographiques des avant-gardes de l'entre-deux guerres, propagées par Pierre Boucher et la Nouvelle Vision photographique. Les mêmes sources iconographiques se retrouvent, la photographie publiée en 1938 dans Paris Magazine de la jeune femme jouant avec un drap blanc dans le vent inspirant également Georges Hugnet pour l'un de ses photocollages de la fin des années 30.

Loin d'être en rupture avec son époque, Picabia s'inscrit dans un mouvement de recherche esthétique propre à l'entre-deux guerres. Il y combine le thème des loisirs qui s'épanouit au même moment, le revisitant d'un érotisme léger. « Les tableaux qu'il a peint pendant la guerre sont tout à la fois ironiques, sardoniques, mal peints, agressifs, sérieux, provocateurs, faciles, subversifs, drôles, scabreux, érotiques, déconcertants, incompréhensibles, repoussants, très réussis. Picabia a su manier l'ambiguïté et les contradictions qui confèrent à ses œuvres leur rayonnement parfaitement contemporain ». Sara Cochran, La Parade amoureuse : Picabia, la guerre et la culture populaire (catalogue d'exposition Francis Picabia les Nus et la Méthode, Musée de Grenoble, 1997-98) p. 23

Fig 1 : B. Krohl, Le coup de vent, "Paris Magazine", no. 56, avril 1936
Fig 2 : Schostal, "Paris Sex Appeal", no. 56, mars 1938
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signed 'Francis Picabia' lower right,  oil on canvas. Painted in 1942-1943.