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Francis Bacon
Description
- Seated Woman (Portrait of Muriel Belcher)
- huile sur toile
- 165 x 142 cm; 65 x 56 in.
- Exécuté en 1961.
Provenance
Marlborough Gallery, Londres
Galerie Claude Bernard, Paris
Galerie Beyeler, Bale
Kent Fine Art, New York
Acquis auprès de celle-ci par l'actuel propriétaire
Exhibited
Amsterdam, Stedelijk Museum, Salon de Mai, 1961, n.4, illustré
Bale, Galerie Beyeler, Nudes-Nus-Nackte, 1987, n. 11, illustré en couleur
Literature
XXe Siècle, n. 21, Paris, Mai 1963, p.34
Ronald Alley, Francis Bacon Catalogue Raisonné, Londres, 1964, p. 136, n. 181, illustré
Condition
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Catalogue Note
C'est en 1949 que Francis Bacon rencontre Muriel Belcher. Celle-ci est connue pour sa virulence et son humour grinçant. Elle tient un bar au cœur de Soho, le Colony Room. Lieu marginal, il accueille un public mélangé où l'artiste termine bien volontiers ces soirées. Elle devient vite une amie et une confidente.
Bacon réalise de nombreux portraits de Belcher jusqu'à sa disparition en 1979. Utilisant une série de photographies réalisées par John Deakin en 1959 sur demande de l'artiste, elle devient avec Isabelle Rawthorne et Henrietta Moraes un de ces modèles préférés. Lorsque Farson lui demande pourquoi il répond : « Parce-que c'est une très belle femme, tout simplement ».
Bacon rappelait volontiers qu'il n'avait jamais fréquenté aucune école d'art. Le choix de ces modèles de la même manière ne répond à aucune logique. Ce sont ses amis, ceux qui comptent, quelque soit leur quotidien ou leur physique.
Seated Woman (Portrait of Muriel Belcher) est le portrait d'une femme isolée sur un fauteuil ouvert comme démantelé. Peinte assise, presque recroquevillée, l'artiste la met en scène presque suspendue entre deux aplats de couleur lilas et vert bouteille. Elle tient sa jambe droite de sa main gauche tandis que l'autre semble pendre dans le vide. Les deux jambes sont comme face à face, reprenant le même schéma que celui du visage (deux profils réunis). Cette opposition, fréquente chez l'artiste, recentre la composition et pousse le spectateur à se focaliser un peu plus vers cette femme.
On ne sait rien de son histoire et on ne saura rien de son futur. Elle nous regarde sans nous voir comme nous la voyons sans savoir.
Rien ne perturbe son portrait. Aucune allusion au monde extérieur, pas de références historiques ou artistiques. On est loin du Bacon qui a construit tout au long de son œuvre un dialogue fait d'emprunts, de citations, d'hommages à Velasquez ou William Blake, Muybridge ou Einsenstein. Bacon peint ce qu'il croit, loin d'un instantané.
Ici, le visage de Muriel Belcher concentre toute la tension du tableau. Comme souvent, Bacon a réuni deux profils, alternant jeux de matières et touches plus ou moins épaisses ou plus ou moins colorées. Il combine, transforme, ajoute, dérape, faisant de cet ovale un pure moment d'intensité et de densité, une supernova picturale qui aurait commencé d'exploser. Il peint le Big Bang dans les contours d'une figure humaine et appuie sur pause dès que l'image devient trop spectaculaire ou romanesque. Dans les tableaux de Francis Bacon, Eve n'a pas besoin de serpent tentateur pour croquer le fruit défendu et accéder à la connaissance : c'est plutôt du serpent dont Eve a envie. Avec un tel désir, l'œuvre d'art advient à elle-même tout naturellement. Voilà pourquoi, malgré leurs ténèbres, les tableaux de Bacon ont la grâce, créant leur propre lumière pour frapper, en plein visage, l'obscur objet du désir.
« En essayant de faire un portrait, mon idéal serait de simplement prendre de la peinture dans ma main et de la projeter sur la toile en espérant que le portrait se réalise seul », Interviews avec Francis Bacon, David Sylvester, p. 107
« In trying to do a portrait, my ideal would be just pick up a handful paint and throw it at the canvas and hope that the portrait was there", Interviews with Francis Bacon, David Sylvester
« Pour peindre un portrait, il faut trouver une technique adéquate qui rende toutes les pulsations d'une personne. C'est pourquoi il est si fascinant et si difficile de faire des portraits [...] Le modèle est un être de chair et de sang et ce qu'il faut capter c'est l'émanation [...] Je ne sais pas s'il serait possible de faire le portrait de quelqu'un simplement en peignant sa manière de bouger. Jusqu'à présent il semble que pour faire un portrait il faille enregistrer le visage. Mais, avec le visage, ce qu'il faut essayer de capter c'est lénergie qui émane de la personne ».
In 1949, Francis Bacon made the acquaintance of Muriel Belcher, who was known for her virulence and her uncensored humour. She was a bartender in the heart of Soho, at the Colony Room. An out-of-the-way spot, it was popular with a very mixed crowd, and Bacon often chose to pass his evenings there. Muriel quickly became a close friend and confidant of the artist.
Bacon made numerous portraits of Belcher until she disappeared in 1979. Working from a series of photographs taken by John Deakin in 1959 at the behest of the artist, she became, along with Isabelle Razthorne and Henrietta Moraes, one of his favourite models. When Farson asked him why, he responded "Because she's a beautiful woman, plain and simple."
Bacon often called attention to the fact that he had never attended art school. His choice of models, in the same manner, doesn't follow any particular logic. They were his friends, those whom he cared for, no matter their situation or their physical appearance.
Seated Woman (Portrait of Muriel Belcher) is the portrait of an isolated woman on a seemingly-dismantled couch. Painted seated, practically hunched over, the artist places her almost suspended between two swaths of lilac and bottle green. She grasps her left leg with her right hand while the other seems to hang in a void. Her legs face one another, following the same construction as the face, which is actually composed of two united profiles. This opposition, common in Bacon's work, refocuses the composition and forces the spectator to pay attention to this striking woman, whose past and future are mysteries never to be revealed. She looks at us without seeing as we see her without understanding.
Nothing distracts us from the portrait. There are no allusions to a world outside the painting, to a history or an artistic tradition. We are far from the normal referential nature of the artist, who drew so often from Muybridge, Einsentsein, Velasquez, William Blake, or Nicolas Poussin. Bacon paints here what he believes, not something instantaneous.
The face of Muriel Belcher receives all of the artist's attention. As often in his work, he unites two profiles, alternately playing with materials and thicker or thinner brushstrokes and more or less colour. He combines, transforms, appends, and tears away, making this simple oval in to a purely intense moment.
"To paint a portrait, one must find an adequate technique to render the living heart of a person on the canvas. That it why it is so fascinating and so difficult to paint a portrait [...] The model is a thing of flesh and blood and what one must capture is the aura [...] I don't know if it would be possible to do a portrait of someone by simply painting the way they moved. As of now, it seems as though to make a portrait, one must inscribe the face. But, with the face, what one must try and capture is the energy that emanates from the person."
"In trying to do a portrait, my ideal would be simply to take a handful of paint and to hurl it at the canvas in the hope that the portrait would create itself" (Interviews with Francis Bacon, David Sylvester, p. 107).