Lot 5
  • 5

Superbe statue féminine, Sénufo, Côte d'Ivoire, XIXe siècle

Estimate
350,000 - 500,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • Superbe statue féminine, Sénufo, Côte d'Ivoire, XIXe siècle
  • haut. 86 cm
  • 34 in
poro pya « enfant du poro » représentée debout, les pieds placés latéralement sur l'extrémité de la base conique. Superbement rythmé par les ruptures de plans, le buste longiligne aux courbes serrées met en valeur, dans une remarquable fluidité, la poitrine généreuse et l'abdomen saillant au contour effilé, enveloppé par la ligne sinueuse des bras. Très belle tension engendrée par l'association des volumes arrondis aux lignes fluides et la cambrure accentuée du dos plat, aux arêtes géométriques. La tête offre un traitement comparable, avec un contraste marqué entre le visage à la face étroite en forme de cœur, plate, et la rondeur de la tête vue de profil, la courbe crânienne soulignée par la crête sagittale striée. Elle porte, sur la poitrine, un charme sèbè, et sur les chevilles des anneaux tolo kajin. Bois dur ; très belle patine d'usage, brun nuancé, profonde.

Provenance

Collectée par Helène Leloup au début des années 1960
Galerie Kamer, New York
Collection Roland de Montaigu, Paris / New York

Literature

Reproduite dans :
Gottschalk, Senufo, Massa et les statues du poro, 2002 : 201

Exposée et reproduite dans :
Drewal, Shapes of mind : African Art from Long Island Collections, 1988 : 14, catalogue de l'exposition, Hofstra Museum, Hempstead, NY, 31 janvier - 25 mars 1988

Condition

Good condition overall. Wear consistent with age and use within the culture. Old losses to both ears. Abrasions to proper right of face, in front and behind ear. Some minor old losses to surface throughout. Old traces of insect damage, especially on breasts and back. Several hairline cracks and stable narrow cracks. Two narrow stable cracks on the belly at proper right (approximately 20cm and 8cm); two in groin area (both approximately 6cm); numerous cracks to chest (longest approximately 7.5cm, between the breasts); narrow crack (approximately 13cm) at reverse of proper right shoulder; narrow crack on proper left buttock (approximately 8cm). The rounded base fragmentary, especially on reverse, and cracked.
In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective qualified opinion.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING CONDITION OF A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD "AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF SALE PRINTED IN THE CATALOGUE.

Catalogue Note

Lorsque les paysans Sénufo exécutent les rites funéraires réservés aux aînés de la société du poro, les membres de la classe d'âge nouvellement initiée doivent « effectuer le travail du poro». En d'autres termes, ils doivent procéder aux rituels destinés à garantir la transformation du défunt en un ancêtre bienveillant. Ce passage étant un acte difficile à accomplir, il requiert l'éveil constant des jeunes hommes conduisant ce travail rituel. Ainsi doivent-ils continuellement veiller, devant ou sous le kpaala - abri édifié dans le village ou à sa marge, comme représentatif du poro. L'éveil des initiés est signifié non seulement par leur présence, mais également par celle d'une paire de statues représentant un personnage debout et nommées - d'après leur fonction rituelle - « enfants du poro », poro piibele (sing. poro pya).

Lorsque ces statues étaient placées debout à proximité du kpaala, elles faisaient face à l'aire de danse jouxtant traditionnellement l'abri. Les poro piibele, en tant que représentantes des classes d'âge passées, servaient dès lors de témoins à la performance de la jeune génération et de leurs masques. Leur présence ne peut cependant être associée au culte des ancêtres, auquel le poro, en tant qu'institution, n'est pas lié. Les poro piibele doivent ainsi être interprétées comme la représentation visuelle d'une mémoire sociale liée, d'une manière générale, aux membres initiés d'anciennes classes d'âge.
Chaque paire de poro piibele était conservée dans un petit abri à l'intérieur du bois sacré, où étaient également gardés d'autres paraphernalia du poro. Ces statues étant conservées allongées sur une étagère en bois, elles montrent le plus souvent, comme la statue présentée ici, des marques d'usure le long de la partie arrière. Par ailleurs, lorsqu'elles étaient érigées à côté du kpaala, leur base était enfoncée dans le sol et par conséquent directement attaquée par l'humidité et les insectes.

Les  poro piibele ont toujours été rares car peu de sculpteurs étaient spécialisés dans la réalisation de cette statuaire de grande dimension et leurs services étaient onéreux. Leur œuvre était donc relativement restreinte - six à sept paires de statues avant de transmettre leurs outils aux jeunes apprentis. De surcroît, ces statues étant publiquement exposées pendant les cinq jours que durait le rituel, elles ont ainsi été connues et peu à peu dérobées et non remplacées, augmentant ainsi leur rareté. Ce corpus restreint rend difficile l'identification d'un sculpteur individuel ou d'un atelier spécifique. Cette statue provient vraisemblablement d'un atelier de sculpteurs kulibele œuvrant dans la région centre-nord du pays Sénufo. En effet, les anneaux de cheville portés par le personnage, de même que ses scarifications faciales, dénotent un style local caractéristique de cette région. De plus, sa coiffure en crête longitudinale se trouve sur plusieurs anciennes statues collectées dans cette région.

Enfin, cette statue se distingue par la mèche de cheveux à l'extrémité recourbée sur le front, reflétant une mode uniquement présente sur quelques statues très anciennes, dont en particulier celle conservée à la fondation Beyeler (Riehen/Bâle), collectée par Lem en 1935 plus au Nord, dans la région de Sikasso (Lem, 1948 : 44 et Goldwater, 1964 : n° 86). Elle se rapproche également de cette statue par les scarifications faciales (trois lignes parallèles encadrant le visage) et par sa rare et très belle construction plastique, rythmée à la fois par les ruptures de plans dans les volumes et par une superbe fluidité linéaire (cf. aussi Gottschalk, 2002 : 141, pour une autre statue de construction comparable provenant de la collection Jacques Boussard). La profonde patine d'usage du bois dur atteste également la grande ancienneté et l'usage prolongé de cette très belle statue poro pya de la collection Brian et Diane Leyden.

Till Förster (communication personnelle, juillet 2007).

A SUPERB SENUFO FEMALE FIGURE, CÔTE D'IVOIRE

This poro pya, or "child of the poro" figure, is represented in a standing position, the feet placed laterally on the edge of the conical base.  The broken planes give a superb rhythm to this statue.  The willowy and tightly curved torso highlights, in a remarkable fluidity, the generous bust and protruding abdomen, with its streamlined silhouette, wrapped by the sinuous line of the arms.   The combination of rounded volumes, with their fluid lines, and the accentuated curve of the flat back, marked by geometric ridges, has produced an admirable tension.  The head is treated in a comparable manner, displaying a distinctive contrast between the narrow heart-shaped face and the round head, seen in profile, the cranial curve underlined by a striated sagittal crest.  It bears a sébé charm on the chest and tolo kajin rings on the ankles.  It is made of a very attractive hard wood, with a deep and finely shaded brown patina.

"When Senufo farmers perform the funerary rites reserved for the elders of the poro society, members of the recently initiated age group have "to do the work of the poro".  This means they must perform the rites guaranteeing that a deceased person is transformed into a benevolent ancestor.  This passage is a difficult act and requires the young men carrying out the ritual tasks to be constantly alert.  They are obliged to hold watch continuously in front of, or under, the kpala, a shelter built to represent the poro in the village or just outside it.  The heightened awareness of the initiates is expressed not only by their own presence but also by a pair of standing figures.  They are known as "children of poro", poro piibele (singular: poro pya), depending on their ritual function,

When these statues were placed upright next to the kapala, they faced the dance area that was traditionally adjacent to the shelter.  As representatives of former age grades, the poro piibele, served as witnesses of the performance by the younger generation and their masks.  However, it would be a mistake to interpret their presence as a sign of ancestor worship since the poro, as an institution, was not involved in this cult.  The poro piibele should be looked upon as the visual interpretation of a social memory linked, in general, to the initiated members of older age grades.

A pair of poro piibele was housed in a small shelter inside a sacred grove, where other paraphernalia of the poro were also kept.  As these statues were laid on a wooden shelf, they frequently show signs of wear at the back, as in this statue.  Furthermore, when the statues were erected next to the kapala, the base was frequently embedded in the ground and consequently eroded by humidity and insects.

The poro piibele have always been rare because very few sculptors specialised in large-scale statuary, and their services were therefore expensive.  As a result, their oeuvre was relatively restricted, consisting of six to seven pairs of statues, until they handed over their tools to young apprentices.   Furthermore, as these statues were displayed in public during the five days of the ritual, they became well known and were gradually stolen and not replaced, thus making them even rarer.  Because of this small corpus, it is difficult to identify an individual sculptor or a specific workshop.  This figure probably comes from a workshop of kulibele sculptors working in the north-central Senufo region.  The anklets worn by the figure, as well as the facial scar marks, point to a local style that is characteristic of this area.  In addition, the hairstyle, in the form of a longitudinal crest, can be found on several old statues collected from the same region.

Finally, this statue is distinguished by a lock of hair curled at the end over the forehead, a feature that can only be seen on a number of very old statues, notably, the one belonging to the Beyeler Foundation (Riehen/Basel), collected by Lem in 1935 further north, in the region of Sikasso (Lem, 1948: 44, and Goldwater, 1964: n° 86).  Several iconographic elements link the two statues: the facial scar marks (three parallel lines framing the face), its rare and attractive plastic construction, marked by the rhythm of the broken planes of the volumes and superb fluidity of the lines (cf. also, Gottschalk, 2002: 141, for another statue of similar construction from the Jacques Boussard collection, probably also collected by Lem).  The deep patina of the wood also provides evidence of the very old age and prolonged use of this very fine poro pya statue from the Brian and Diane Leyden collection.

Till Förster (personal communication, July 2007).