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Proust, Marcel A la recherche du temps perdu Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1918-1927.
Description
- Proust, Marcel
- A la recherche du temps perduParis, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1918-1927.
13 volumes in-4 tellière, 212 x 152 mm.
Reliures uniformes signées de R. Desmules. Plein maroquin gris, dos lisse orné de motifs mosaïqués, lettres majuscules en tête, chiffre en queue, doublure et gardes de chamoisées grises ; tranches dorées, dos et couverture conservés. Chemise et étui.
Répartis sur l’ensemble des dos des chemises, le nom de l'auteur et le titre de l'œuvre ne peuvent être lus que si les livres sont rangés dans l'ordre.
Édition originale, sauf pour Du Côté de chez Swann, ici, en première édition Gallimard (édition originale : Grasset, 1914).
Précieux exemplaire du tirage réimposé au format in-4 tellière sur grand papier Lafuma de Voiron pur fil, chaque volume portant le deuxième numéro des premiers exemplaires hors commerce indiqués à la justification.
Les deux premiers volumes portent le n° II/VIII ; les suivants portent la lettre B sur 8 exemplaires marqués de A à H (pour les tomes III à VI) et sur 12 marqués de A à L (pour les tomes (VII et VIII). Ces exemplaires sont indiqués avant les 120 ou 125 exemplaires du tirage réimposé mis dans le commerce.
Exemplaire enrichi de 4 lettres de Marcel Proust à Jacques Rivière, dont deux sont autographes signées et deux sont dictées à son secrétaire Henri Rochat.
L’ensemble des lettres de Proust forme 16 pages. Elles sont répertoriées dans la Correspondance de Marcel Proust, éditée par Kolb. Les lettres de Proust à Jacques Rivière sont parmi les plus belles de la correspondance de l’écrivain.
L’ouvrage comporte également deux lettres autographes signées de Jacques Rivière adressées à Proust ainsi qu’un télégramme.
Pièces jointes :
Au tome II (À l'Ombre des Jeunes Filles en Fleurs) :
- lettre autographe signée de Proust à Jacques Rivière, relative aux épreuves corrigées d’À l'Ombre des Jeunes Filles en Fleurs [19 mai 1919], 5 pages in-12 sur papier gris. (Kolb, tome XVIII, pp. 218-219).
« Cher Ami,
(Et croyez bien que tout ceci est un reproche non pas à vous [...] Je ne vous en parle que pour excuser les épreuves corrigées que vous allez recevoir, c'est-à-dire des épreuves en pièces, les morceaux recollés à l'endroit où ils devaient venir [...]. Si j'avais eu des ciseaux près de mon lit j'eusse fait cela avec autant de difficulté mais plus proprement. Mais ma femme de chambre était sortie pour mon déménagement, j'ai déchiré comme j'ai pu et collé comme j'ai pu. Pardonnez-moi d'avance.
J'ai reçu de Gaston une lettre qui m'a beaucoup contrarié [...] Je m'empresse d'ajouter qu'elle ne modifie en rien ma tendre affection pour lui. Croyez-moi cher ami tout à vous. Marcel Proust. Je mets des numéros d'ordre sur les épreuves pour qu'on s'y retrouve. »
Au tome III (Le Côté de Guermantes I) :
- lettre autographe signée de Jacques Rivière à Proust, 24 novembre 1919, 1 page in-8. (Kolb, tome XVIII, pp. 479-480).
Lettre concernant la réponse de Proust à Albert Thibaudet sur son article à propos du style de Flaubert, qui paraîtra dans le numéro du 1er janvier 1920 de la NRF.
- lettre de Marcel Proust à Jacques Rivière, dictée à Henri Rochat, [après le 20 mai 1920]. 5 pages in-8. (Kolb, tome XIX, pp. 277-278). L'orthographe hasardeuse est celle du secrétaire de Proust. Belle lettre sur la « dispute Sainte-Beuve » dans laquelle Proust évoque sa candidature à l’Académie française.
« Cher ami,
[…] Puisque vous revenez bientôt nous causerons ensemble de collaboration éventuelle à la N. R. F. Mais selon moi l'essentiel est que je donne toutes mes forces et ce n'est pas grand chose à terminé [sic] Swann. […] Serait-il plutôt agréable ou désagréable à la N.R.F., plutôt avantageux ou désavantageux pour mes livres si je me présentais (avec chance de succès sans cela je ne le ferais pas) à l'Académie. Marcel Proust
(1) Le Côté de Guermantes, t. I. L'achevé d'imprimer du volume date du 17 août 1920. »
- billet autographe de Jacques Rivière à Marcel Proust, Paris le 16 août 1920, « pour lui annoncer ma visite pour le lendemain ».
- lettre autographe signée de Proust à Jacques Rivière [7 ou 8 novembre 1920], 4 pp. in-8. (Kolb, tome XIX, pp. 581-583).
Très amicale lettre dans laquelle Proust fait l’éloge du style de Jacques Rivière qui a écrit, sans la signer, une page d’annonce publicitaire dans la NRF du 1er novembre 1920, résumant « sans rien raccourcir, tout le Côté de Guermantes ».
« Mon cher Jacques,
Je ne sais si ma clairvoyance est en défaut, j’ai l’impression que vous seul avez pu tracer sur une page rose de la Revue ces lignes ravissantes. [...] Qui d'autre que vous aurait su en quelques lignes peindre en toute sa variété, en vérité sans rien raccourcir, tout le Côté de Guermantes. On n'est jamais content de son portrait, on ne peut même pas l'être de celui des autres, trop fragmentaire. Or je vois ici de Guermantes un portrait complet. […]
Et pareil à ces eaux si pures et si belles
Qui coulent sans effort des sources naturelles
Votre ami Marcel Proust […] »
Au tome IV (Le Côté de Guermantes II) :
- lettre de Marcel Proust à Jacques Rivière [vers la mi-avril 1921], dictée à Henri Rochat. 2 pages in-8.
Proust évoque son importante étude sur Baudelaire, qui paraîtra sous forme de « lettre » adressée à Jacques Rivière, dans le numéro de la NRF de juin 1921. Il a commandé un « Baudelaire savant », je crois que le meilleur est celui de Crépet. (...) Avez-vous la préface que Gide avait faite pour Baudelaire ? Mille affections de votre Marcel ».
Au tome V (Sodome et Gomorrhe II, I) :
- télégramme de Marcel Proust à Jacques Rivière, Paris, 10 / 9 [1921].
Au sujet des pages concernant le narrateur de la Recherche aux prises avec l’image de sa grand-mère (Sodome et Gomorrhe II, t. I, pp. 176 et suivantes) ; Jacques Rivière lui répondra le 11 septembre 1921.
« Mon cher Jacques soyez tranquille vous avez pour le numéro d'octobre (1) l'extrait que vous désirez il est depuis avant-hier dans les mains de Paulhan je vous écrirai d'un jour à l'autre affections / Marcel Proust
(1) de la NRF ».
Literature
Catalogue Note
Marcel Proust, souvent incompris et attaqué dans la presse, eut la joie de trouver en Jacques Rivière, responsable de la NRF, un fervent admirateur de son œuvre, qu’il fut l’un des premiers à comprendre et qu’il défendit à travers de nombreux articles. Marcel Proust lui exprime ici toute sa reconnaissance et salue son talent littéraire.
La « dispute Sainte-Beuve » évoquée par Marcel Proust s'était engagée à propos du centenaire de Flaubert. Daniel Halévy, dans un article sur « La Mémoire de Sainte-Beuve » paru dans Le Journal des Débats du 13 octobre 1919, avait cité Sainte-Beuve comme « un des grands guides que nous avons perdus ». Proust avait répondu, dans son article sur le style de Flaubert, paru dans la N.R.F. du 1er janvier 1920 : « La plus grande partie de ses Lundis sont consacrés à des auteurs de quatrième ordre, et quand il a à parler d'un de tout premier, d'un Flaubert ou d'un Baudelaire, il rachète immédiatement les brefs éloges qu'il leur accorde en laissant entendre qu'il s'agit d'un article de complaisance, l'auteur étant de ses amis personnels ».
Enrichi de ces très précieux documents, le présent exemplaire de La Recherche est aussi parfaitement établi dans une reliure proche de l’époque par René Desmules.
René Desmules fut formé dans les meilleurs ateliers parisiens, dont celui de Noulhac et de Maylander. Très jeune, il avait travaillé chez Pierre Legrain.
Le fait que, malgré une parution étalée sur dix ans, tous les volumes portent le même numéro – le second (II ou B) – de la très petite série des hors-commerce, atteste qu’ils étaient dévolus à une personne très proche de l’ouvrage et de la maison Gallimard.