[GIDE, André]. Les Cahiers d'André Walter. 1891. Exceptionnel envoi autographe signé de Gide à Huysmans

[GIDE, ANDRÉ]

LES CAHIERS D’ANDRÉ WALTER.

PARIS, LIBRAIRIE DE L’ART INDÉPENDANT, 1891.

In-12 (158 x 105 mm). Maroquin janséniste vert à la bradel, titre doré sur le dos, tranches dorées, triple filet intérieur, couverture bleutée, étui bordé (Semet et Plumelle).

Dos passé, trace d’un ex-libris enlevé.

Exceptionnel exemplaire de Huysmans : de Des Esseintes à André Walter.

Seconde édition, parue quelques mois après l’édition originale, la même année, chez Perrin.

Un des 125 exemplaires sur vélin teinté (n° 73).

Envoi autographe signé de l’auteur, sur la page de faux-titre :

"à Monsieur J.K. Huysmans

en hommage

André Walter".

Signé André Walter, l’envoi dévoile la supercherie, puisque ces cahiers sont censés être publiés de manière posthume.

En écrivant les Cahiers d’André Walter, Gide s’inspire évidemment du personnage de Des Esseintes : "J’ai beaucoup réfléchi à ton projet. Pour le faire, oublie tout. Ne sache plus qu’il existe un Werther ou un À rebours", lui conseille Pierre Louÿs pour s’affranchir de l’influence de Huysmans. Fiévreusement, le jeune André Gide envoie ses Cahiers au maître, qui lui répond vers mars 1891 : "Je viens de terminer le cahier [sic] d’André Walter que vous avez bien voulu m’envoyer. J’ai été, dans le tohu-bohu des volumes modernes, singulièrement requis par certaines pages de ce livre pâle, pâle et tremblé -- de convalescence et de commencement de maladie d’âme. Il y a des choses parfaites. Le 'si tu voulais nous prierions ensemble' et l’adorable réponse d’Emmanuelle. -- Puis la page sur la pensée amie qu’on sait d’avance. – Et tant d’autres, si mélancoliques et si murmurées. […] Cela sort de l’ordinaire et des abominables vulgarités qui nous assaillent chez tous les libraires !" (Y. Clogenson, p. 83).

Louangeur, Huysmans reconnaît en André Walter "un frère puîné de Des Esseintes". Suite à cet échange, poussé par Valéry, Gide rendra visite à Huysmans en juin 1891, et plus tard lui enverra aussi les Poésies d’André Walter ou Le Voyage d’Urien. Mais Huysmans, qui vient de se convertir en juillet 1892, n’est plus sensible à ces volumes.

Provenance : Bernard Sancholle-Henraux (ex-libris).

Référence : Y. Clogenson, "La Correspondance Huysmans-Gide", in Entretiens sur André Gide, 1938. – Naville, II.