Splendeurs : Chefs-d’oeuvre des Arts d’Afrique
Splendeurs : Chefs-d’oeuvre des Arts d’Afrique
Auction Closed
June 8, 01:00 PM GMT
Estimate
15,000 - 25,000 EUR
Lot Details
Description
Cimier ciwara, Bamana, Mali
haut. 52 cm ; 20 1/2 in
Bamana Ciwara headdress, Mali
Collection Frank Elgar (1899-1978), Paris
Tessier & Sarrou, Paris, Collection d'un critique d'art Frank Elgar, Fernand Léger, 2 juillet 2020, n° 62
Collection privée française
Les fameux cimiers antilopes de la société initiatique du Ci-wara, dotés d’une élégance rare, comptent parmi les pièces d’art africain les plus connues au monde, depuis l’envoi par le Capitaine Archinard d’un exemplaire au Musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1882, ouvrant ainsi la voie aux musées publics et collectionneurs du monde entier qui en acquirent à leur tour.[1]
Selon Jean-Paul Colleyn : “dans tous les styles de ci wara connus, la dimension fantastique d'êtres hybrides défiant l'entendement ordinaire l'emporte largement sur le souci de réalisme”.[2] C'est cette indifférence au réalisme figuratif qui a tant attiré les artistes modernistes et les a poussés à s'inspirer de l'art africain. Cette coiffe constitue un exemple édifiant du type d’œuvres qui exerça sur eux une profonde influence.
Les cimiers étaient juchés au sommet d’un masque, composé d’une cagoule de tissu et de fibres végétaux ou de vannerie. Ils étaient portés lors de représentations dansées, dans le cadre d’associations agricoles formées par les jeunes hommes de villages voisins. Les danses rituelles auxquelles ils s’adonnaient, avaient pour but d’invoquer Ci-wara, cet être divin mi-homme mi-animal, qui, par son pouvoir quasi-magique, apportait la prospérité au peuple Bamana, en rendant fertiles ses terres.
En plus de magnifier le travail agricole, Ci-wara exaltait la complémentarité des sexes : une coiffe masculine et une coiffe féminine étaient toujours associées : le cimier masculin symbolisait le puissant Soleil, tandis que son homologue féminin représentait la Terre nourricière. Aussi, comme l’écrit James Brink : « L’organisation de la manifestation du Ciwara se fonde sur le respect des Bamana pour le pouvoir et l’efficacité de l’union des principes mâle et femelle. Tout comme la reproduction humaine résulte de l’union sexuelle entre l’homme et la femme, la fertilité agricole est attribuée à l’union entre le feu (Soleil), expression du principe mâle, et la terre et l’eau, expression du principe femelle ».[3]
Ce remarquable exemplaire se distingue par la somptueuse décoration gravée qui le recouvre. La richesse et la qualité des incisions confèrent à l’œuvre son caractère exceptionnel, tandis que bien souvent, les autres pièces du corpus ne présentent pas un tel degré de raffinement. L’ensemble est magnifié par la patine riche et sombre, et le jeu d’équilibre subtil entre les courbes, les lignes et les angles. La sévérité des bandes rectilignes qui ornent la tête et les flancs de l’animal, est tempérée par les stries obliques qui hachurent les cornes. De même, aux angles formés par les pattes de l’animal, répondent les courbes élégantes des cornes et de la queue qui s’enroule sur elle-même, décrivant un cercle parfait.
Cette œuvre présente une très forte ressemblance avec celle du musée Rietberg de Zurich (Inv. RAF 215). Un autre exemplaire similaire est conservé dans ce même musée (Inv. RAF 204).
[1] Colleyn, J.-P., Bamana: Un art et un savoir-vivre au Mali, 1987, p. 201.
[2] Ibid., p. 204.
[3] Brink, J., « Antilope Headdress (Chi Wara), in For Spirits and Kings, éd Vogel, S., 1981, p. 25.
The celebrated antelope crests of the Ci-wara initiation society, imbued with a unique elegance, are among the most famous pieces of African art in the world, since Captain Archinard sent one to the Musée d'Ethnographie du Trocadéro in 1882, thus paving the way for public museums and collectors around the world to acquire them in turn.[1]
In the words of Jean-Paul Colleyn: "In all the known ci wara styles, the fantastical dimension of hybrid beings defying ordinary understanding, far outweighs the concern for realism". [2] It is this disregard for figurative realism which so enticed Modernist artists and encouraged them to take African Art as their inspiration. This headdress is a perfect example of the type of pieces that exerted such a profound influence on them.
The crests were placed atop a mask, which consisted of a hood made of fabric and plant fibers or basketry. They were worn during dance performances that took place within agricultural associations formed by young men from neighboring villages. The ritual dances they performed were designed to invoke Ci-wara, a divine entity that was half-man, half-animal, and which, through its quasi-magical power, brought prosperity to the Bamana people by making their land fertile.
Besides glorifying agricultural work, Ci-wara exalted gender complementarity. A male and female coiffure were always associated: the male crest symbolized the powerful Sun, while its female counterpart represented the nourishing Earth. As James Brink writes: "The organization of the ci wara performance is based on the Bamana respect for the power and efficiency of the union of male and female. As human reproduction is the result of the sexual union between man and woman, so agricultural fertility is attributed to the union between fire (the sun), an expression of the male principle, and earth and water, an expression of the female principle."[3]
This remarkable exemplar stands out due to the lavish carved decoration covering its surface. The richness and skill of the incisions lend the work its exceptional character. Other pieces in the corpus do not typically display such a high degree of craftsmanship. The overall effect is enhanced by the rich, dark patina and the subtle interplay of curves, lines and angles. The stringency of the straight bands that adorn the head and flanks of the animal is tempered by the oblique stripes that run across the horns. Similarly, the angles formed by the animal's legs find their counterpart in the elegant curves of the horns and tail that curls upon itself, forming a perfect circle.
This piece bears a strong resemblance to the one kept in the Rietberg Museum in Zurich (Inv. RAF 215). Another similar exemplar is kept in the same museum (Inv. RAF 204).
[1] Colleyn, J.-P., Bamana: Un art et un savoir-vivre au Mali, 1987, p. 201.
[2] Ibid., p. 204.
[3] Brink, J., « Antilope Headdress (Chi Wara), in For Spirits and Kings, éd Vogel, S., 1981, p. 25.