Jamais perdu en mer, Collection Jean-Paul Morin
Jamais perdu en mer, Collection Jean-Paul Morin
Auction Closed
October 14, 03:50 PM GMT
Estimate
40,000 - 50,000 EUR
Lot Details
Description
SPATULE À CHAUX, ÎLES DE L’AMIRAUTÉ, ARCHIPEL BISMARCK, PAPOUASIE NOUVELLE-GUINÉE
haut. 33.7 cm ; 13 17/64 in
Acquise in situ lors de l’éxpedition la Korrigane (1934-1936)
Collection Etienne et Monique de Ganay
Audap-Godeau-Solanet & Roudillon, Paris, 1989, n° 38
Collection Anne et Jacques Kerchache, Paris
Bergé & Associés, Paris, Collection Anne et Jacques Kerchache, 12 juin 2010, n° 398
Anthony Meyer, Paris
Maurice Leenhardt, Art de l’Océanie, Paris, 1947, fig. 25
TEFAF, 25 eme anniversaire, 2012, Galerie Meyer, Paris, n° 22
"Voyez quelles justifications ces objets apportent à la vision surréaliste, quel nouvel essor même ils peuvent lui prêter" André Breton, 1946.
En juin 1938, le musée de l'Homme inaugurait l'exposition Le voyage de "La Korrigane" en Océanie, révélant au public les collectes de la célèbre expédition. Ce sommet de spatule à chaux résumait à lui seul tant la préface de Paul Valéry décrivant les îles du Pacifique comme "des enceintes dans lesquelles certaines formes et certains modes d’action de la vie, ainsi que leur appareil – rites, coutumes, parures, outils – se conservent plus longuement et purement qu’elles ne le peuvent sur les immenses surfaces continentales", que l’intérêt porté par les intellectuels du début du XXe siècle pour ces objets "curieusement façonnés ou décorés".
L’usage de la spatule à chaux s'accordait avec la pensée surréaliste : utilisée lors de la consommation du bétel, elle servait à porter à la bouche une préparation aux vertus euphoriques et délirantes. S'ajoute ici l'iconographie - aussi élaborée que singulière - témoignant de cet art du moyen Sepik où l’esthétique est éprouvée avant d’être pensée.
Interprétation de l'ancestralité et de son lien avec l'initié dont il était la propriété, ce sommet de spatule à chaux illustre magistralement "le foisonnement de l’art océanien et son charme qui n’ont d’autre appui que cette esthétique inspirant au génie de l’homme son attitude et son geste pour retenir, fixer, et renouveler, les émotions éprouvées au contact de la vie des formes et de la splendeur des réalités mythiques qu’elles renferment" (Leenhardt cité in Pierre, André Breton et la peinture, 1987, p. 260).