Monet, Claude

Monet, Claude

3 lettres autographes signées.

Giverny par Vernon-Eure, octobre-décembre 1889.

9 pages in-8 (180 x 113 et 174 x 110 mm), à l’encre violette, sur 4 bifeuillets.

Relatives à la souscription lancée par Monet pour acheter l’Olympia à la veuve de Manet et l'offrir à l’État français.

Avec une lettre de Manet à Monet

À un souscripteur éventuel. 31 oct. 89.

"Monsieur, je m’occupe d’une souscription que nous faisons entre amis et admirateurs de Manet pour acheter son Olympia et l’offrir au Louvre. C’est là je crois le plus bel hommage que nous puissions rendre à la mémoire de ce bel artiste. Et c’est en même temps une façon indirecte de venir en aide à Madame Manet sa veuve, à laquelle ce tableau appartient. Vous voudrez bien excuser la liberté que je prends, mais j’ai pensé que vous seriez peut-être heureux de prendre part à cette manifestation si artistique. [...] Nous voudrions atteindre la somme de 20 000 fr et comme vous le verrez par la liste des souscriptions que je vous adresse, il ne nous manque plus que 3 000 fr."

Cette liste jointe est composée de 55 noms (ou initiales), avec la somme versée en regard, à l’exception de M. Proust pour lequel aucune somme n’est indiquée.

La donation la plus importante, de 2 000 francs, est faite par Mme de Scey Montbelliard [Winnaretta Singer, future princesse Edmond de Polignac]. Les peintres Caillebotte, Duret, Monet, Rouart et Sargent ont chacun versé 1 000 francs. On note la présence de nombreux autres artistes, collectionneurs ou amateurs d’art : Bracquemond, Carolus-Duran, Degas, Durand-Ruel, Fantin-Latour, Eva Gonzales-Guérard, Helleu, Mallarmé, Mirbeau, Puvis de Chavannes, Pissarro, Raffaëlli, Rodin...

À un souscripteur. 25 déc. 89. Monet accuse réception d’une somme de 500 fr. de la part d’un donateur souhaitant rester incognito.

À Mme Manet. Vendredi 14 fév. 90. Il compte aller la voir le lendemain "pour vous remettre une partie de la somme que j’ai reçu pour l’acquisition de l’Olympia".

[On joint :]

MANET, Édouard. Lettre autographe signée à Claude Monet. Paris 8 octobre [1881].

3 pages in-12 (180 x 112 mm).

De retour d’un séjour à Versailles où le mauvais temps l’a empêché de travailler comme il l'aurait voulu, Manet espère que le bon air natal parisien va réparer tout cela.

"Duret est venu me voir nous avons parlé de vous. Vous ne ferez pas mal de quitter Vétheuil il me semble que vous devez en avoir peint tous les coins. Les affaires iraient très bien si j’avais cette santé sans laquelle il n’y a rien enfin je fais tout ce qu’il faut pour la réparer, y arriverais-je ? Les Américains commencent à venir et avec eux les gros prix – je crois qu’il n’y a plus que patience à avoir". Il le charge de transmettre ses amitiés à Mme Hoschedé.

À cette date, Monet s’apprête à quitter Vétheuil et à s’installer, avec Alice et ses enfants, dans la villa Saint-Louis à Poissy qu’ils quitteront pour Giverny deux ans plus tard. Quant à Manet, s’il est de plus en plus reconnu, se voyant remettre la Légion d’honneur à la fin de cette année-là, son état de santé se dégrade et c’est partiellement paralysé et amputé d’une jambe qu’il décèdera de la gangrène et des suites de la syphilis, à 51 ans, en avril 1883.