Monet, Claude

Monet, Claude

4 lettres autographes signées à Paul Fidelin.

Giverny, 6 avril-2 mai 1914.

12 pages ½ in-8 (206 x 133 et 166 x 122 mm) sur 4 bifeuillets à en-tête imprimé de Giverny, une enveloppe conservée "Monsieur Fidelin / Jardinier / Chez les Zoaques / Yainville-Jumièges"

Monet et les jardins.

Secondé par le métayer du manoir des Guitry, Monet, paysagiste accompli, met ses compétences au service de la propriété de ses amis.

- 6 avril. Il annonce sa prochaine arrivée à Yainville pour s’occuper de la plantation des plantes qu’il apporte et de celles envoyées par le train. "Vous voudrez bien vous en occuper et en prendre livraison, mais ne devrez les déballer que lorsque je serai là. Vous devrez seulement les placer à l’abri. Je vous prie de faire en sorte que les plates-bandes soient labourées et en état de recevoir les plantes".

- 29 avril 1914. Il envoie un nouveau colis avec des graines d’eschscholtzia "pour semer au bord du talus où l’autre jour on manquait de graines pour toute la longueur. [...] Dans la boite ronde, c’est la graine de pourpier pour semer en dessous de l’autre, à la volée et, comme elle est très fine, la bien mélanger avec la terre sableuse puis passer le rateau et applatir [sic] un peu. Vous recevrez aussi des capucines naines pour semer dans les caisses que le menuisier a dû faire pour le dessus du pavillon. [...] J’espère que vous avez bien placé comme je vous l’ai bien montré les rosiers et les soleils. J’ai oublié de vous dire qu’il fallait bien mouiller les 2 petits arbustes que je vous avais fait planter la précédente fois dans l’herbe, devant la maison. Enfin, je compte sur vous pour bien soigner et faire ce qui a été convenu, et si vous pouviez placer en bonne place, soit devant chez vous ou même dans un coin de votre potager, quelques pieds des asters que nous n’avons pu placer l’autre jour et que je vous recommande de remettre en jauge, faites-le".

- Jeudi 30 avril. "C’est encore moi Fidelin. [...] Vous pourrez les mêler toutes ensembles, en semer comme je crois vous l’avoir dit dans les caisses qui seront sur le pavillon neuf en bas, puis semer en bordure tout le long de la plate-bande où se trouve le gros hêtre, puis, s’il vous reste encore de la graine de pourpier [...] en semer en bordure de l’autre plate-bande, celle qui est en haut du mur. Si vous n’aviez plus de cette graine, semez-y encore des capucines naines. Enfin, voyez à placer quelques asters. [...] M. et Mme Guitry doivent arriver dimanche, arrangez-vous pour que tout soit bien. Ne manquez pas avant de semer la bordure de capucines de bien sarcler et d’enlever le chiendent et les mauvaises herbes. Enfin que tout ce que je vous ai dit de faire le soit et bien pour que vos maîtres soient satisfaits et ne trouvent rien à redire".

- 2 mai. "Je viens encore de vous envoyer un paquet de graines, les mêmes que vous avez dû semer en bas comme je vous l’ai dit pour finir la bordure commencée l’autre jour. Vous pouvez donc semer celles-ci, tout le long du talus au bord de l’allée [...] semez-en de suite un second et même troisième rang à environ 30 à 40 centimètres. Faites cela de suite, avant l’arrivée de Mr et Madame Guitry".

En 1913 Guitry avait acquis un manoir de style anglo-normand qu’il nomma d’après le titre d’une de ses comédies à succès, Chez les Zoaques.

Hôtes réguliers de Giverny, Sacha Guitry et son épouse Charlotte Lysès, demandèrent à Monet de dessiner le jardin de la demeure qu’ils occupèrent durant les premières années de la guerre. Guitry y tourna en 1915 certains plans de son documentaire, Ceux de chez nous, où il réunit quelques-unes des personnalités qu’il admirait, comme Sarah Bernhardt, Edgar Degas, Octave Mirbeau, Auguste Renoir, Auguste Rodin, Edmond Rostand, Camille Saint-Saëns, et bien sûr Claude Monet qu’il filma en train de peindre, dans le jardin de Giverny.