- 55
[Breton, André] -- Nadja
Estimate
20,000 - 30,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed
Description
- [Breton, André] -- Nadja
- 5 lettres autographes signées de Nadja à Breton. [Vers 1927].
- PAPER
10 p. sur 5 f. in-8 (env. 225 x 168 mm), arrachées à un cahier d'écolier, 4 sont signées, la dernière est inachevée et non signée, à la mine de plomb sur papier ligné. Lettres conservées sous chemises de rhodoïd, reliées. Polyvinyle blanc cassé, triple filet horizontal à froid au centre des plats avec le mot "Lettres" à froid au plat supérieur, dos muet de veau rouge gaufré, doublure et gardes de daim beige, chemise demi-veau gaufré rouge à bandes avec titre en long à l’oeser blanc cassé et étui (Ph. Fié, 2006).
Dans ces lettres extraordinaires, source d'inspiration d'une œuvre majeure de la littérature du XXe siècle, Nadja se décrit comme éperdument soumise à l'ascendant surnaturel de Breton, admet l'échec de leur relation mais désire que sa vie serve à l'œuvre du poète.
1. "Je voudrais te dépeindre quelque chose de mystique, te broder tout en or, en gaze, en mousseline. Quelques paysages romantiques où nous puissions vivre à deux [...]. Il est doux de posséder une âme attachée à la sienne. Traversée toutes les deux par un même rayon. Marchant sans cesse côte à côte dans le même sentier qui mène à la source -- celle du Bonheur [...]" (s.d., 2 p. recto-verso signées). Lettre citée en partie dans Oeuvres complètes, p. 1513.
2. "Quel beau jour [...] Pourquoi cette apaisement ? [...] mais j'ai ton livre -- c'est toi quand même n'est-ce pas et il me comprend bien quand je le serre [...]. Pourquoi a-t-il fallu que tout cela s'assombrissent [sic] dans d'amères nécessités -- Pardon -- André -- je vous valais peut-être quand je vous repoussais -- mais maintenant par ce matin si clair -- je ne puis que pleurer. Par un changement de vie je veux acquérir votre estime et votre amitié je n'ose plus dire votre présence." ([20 janvier 1927], largement raturée).
3. "Mon André. Vous êtes parfois un magicien puissant plus prompt que l'éclair qui environne votre grave et doux regard -- de dieu -- [...] Ah mon André crois-moi que maintenant après toi tout est fini [...]" ([30 janvier 1927], 2 p. recto-verso, signées Ta Nadja, quelques piqûres).
4. "peut être cette épreuve était nécessairement le commencement d'un événement supérieur -- j'ai foi en toi -- [...] Que rien ne t'arrête [...]". Elle s'excuse pour certaines de ses lettres : "André, malgré tout, je suis une partie de toi. C'est plus que de l'amour, c'est de la force et je crois votre froideur, votre flegme, la souffrance que cause notre éloignement ! que sais-je encore -- tout ce qui vient de vous ne peut être que l'amour ! [...]" (25 février 1927, 2 p. recto-verso, signées de chaque côté).
5. "André, Votre dernière lettre était tout à fait impressionnante, elle m'a fait écrire, pleurer, rever [sic] et rire. [...]". Elle lui réclame son cahier, propose qu'un de ses amis le fasse à sa place. (S.l.n.d., 2 p. in-8 recto-verso, très nombreuses ratures).
En octobre 1926, André Breton rencontre Nadja, une jeune femme énigmatique qui le fascine. D'autres rencontres suivirent, parfois dues à un hasard qui impressionna le poète. Une nuit dans un hôtel de Saint-Germain-en-Laye marqua le déclin de leur relation que Nadja poursuivit par l'envoi de dessins et de lettres, dont celles-ci, et qui s'achevèrent par une dernière entrevue en février 1927.
Breton projeta très tôt de faire le récit de cet épisode de quelques mois qui l'avait si fortement marqué, à partir des notes qu'il avait prises, des documents de Nadja qu'il avait attentivement gardés, et de ses souvenirs.
Née en 1902, dans une famille modeste, Léona-Camille-Ghislaine D., dite Nadja, eut un enfant à l'âge de dix-huit ans, avant de venir à Paris où elle vivait d'expédients.
Marguerite Bonnet dénombre 27 lettres de la jeune femme entre le 22 octobre 1926 et le milieu de février 1927. Certaines des lettres ici présentes sont citées dans la Pléiade. Elles ont pu faire partie des lettres conservées dans les archives d'André Breton ou être des brouillons conservés par Nadja -- ce que pourrait indiquer le papier sur lequel elles sont écrites et les nombreuses ratures. Peu de temps après la dernière lettre, le 21 mars 1927, Nadja sombre dans la folie. Elle meurt en 1941, dans un établissement psychiatrique.
Nadja fut écrit en grande partie en Normandie au cours de l'été suivant (1927). Dès sa publication, il fut reçu comme un des grands romans d'amour, aux côtés de La Princesse de Clèves ou de Dominique. Il est aussi désormais reconnu que "Nadja représente [...], dans la vie de Breton comme dans son oeuvre, un véritable pivot" (M. Bonnet).
Références : A. Breton, Oeuvres complètes, éd. de M. Bonnet, Pléiade I, p. 1508 et suivantes.
Exposition : Surrealism : Desire Unbound, Londres, Tate Modern, 2001.
Provenance : Pierre Leroy (vente Sotheby's, juin 2002, n° 48).
Dans ces lettres extraordinaires, source d'inspiration d'une œuvre majeure de la littérature du XXe siècle, Nadja se décrit comme éperdument soumise à l'ascendant surnaturel de Breton, admet l'échec de leur relation mais désire que sa vie serve à l'œuvre du poète.
1. "Je voudrais te dépeindre quelque chose de mystique, te broder tout en or, en gaze, en mousseline. Quelques paysages romantiques où nous puissions vivre à deux [...]. Il est doux de posséder une âme attachée à la sienne. Traversée toutes les deux par un même rayon. Marchant sans cesse côte à côte dans le même sentier qui mène à la source -- celle du Bonheur [...]" (s.d., 2 p. recto-verso signées). Lettre citée en partie dans Oeuvres complètes, p. 1513.
2. "Quel beau jour [...] Pourquoi cette apaisement ? [...] mais j'ai ton livre -- c'est toi quand même n'est-ce pas et il me comprend bien quand je le serre [...]. Pourquoi a-t-il fallu que tout cela s'assombrissent [sic] dans d'amères nécessités -- Pardon -- André -- je vous valais peut-être quand je vous repoussais -- mais maintenant par ce matin si clair -- je ne puis que pleurer. Par un changement de vie je veux acquérir votre estime et votre amitié je n'ose plus dire votre présence." ([20 janvier 1927], largement raturée).
3. "Mon André. Vous êtes parfois un magicien puissant plus prompt que l'éclair qui environne votre grave et doux regard -- de dieu -- [...] Ah mon André crois-moi que maintenant après toi tout est fini [...]" ([30 janvier 1927], 2 p. recto-verso, signées Ta Nadja, quelques piqûres).
4. "peut être cette épreuve était nécessairement le commencement d'un événement supérieur -- j'ai foi en toi -- [...] Que rien ne t'arrête [...]". Elle s'excuse pour certaines de ses lettres : "André, malgré tout, je suis une partie de toi. C'est plus que de l'amour, c'est de la force et je crois votre froideur, votre flegme, la souffrance que cause notre éloignement ! que sais-je encore -- tout ce qui vient de vous ne peut être que l'amour ! [...]" (25 février 1927, 2 p. recto-verso, signées de chaque côté).
5. "André, Votre dernière lettre était tout à fait impressionnante, elle m'a fait écrire, pleurer, rever [sic] et rire. [...]". Elle lui réclame son cahier, propose qu'un de ses amis le fasse à sa place. (S.l.n.d., 2 p. in-8 recto-verso, très nombreuses ratures).
En octobre 1926, André Breton rencontre Nadja, une jeune femme énigmatique qui le fascine. D'autres rencontres suivirent, parfois dues à un hasard qui impressionna le poète. Une nuit dans un hôtel de Saint-Germain-en-Laye marqua le déclin de leur relation que Nadja poursuivit par l'envoi de dessins et de lettres, dont celles-ci, et qui s'achevèrent par une dernière entrevue en février 1927.
Breton projeta très tôt de faire le récit de cet épisode de quelques mois qui l'avait si fortement marqué, à partir des notes qu'il avait prises, des documents de Nadja qu'il avait attentivement gardés, et de ses souvenirs.
Née en 1902, dans une famille modeste, Léona-Camille-Ghislaine D., dite Nadja, eut un enfant à l'âge de dix-huit ans, avant de venir à Paris où elle vivait d'expédients.
Marguerite Bonnet dénombre 27 lettres de la jeune femme entre le 22 octobre 1926 et le milieu de février 1927. Certaines des lettres ici présentes sont citées dans la Pléiade. Elles ont pu faire partie des lettres conservées dans les archives d'André Breton ou être des brouillons conservés par Nadja -- ce que pourrait indiquer le papier sur lequel elles sont écrites et les nombreuses ratures. Peu de temps après la dernière lettre, le 21 mars 1927, Nadja sombre dans la folie. Elle meurt en 1941, dans un établissement psychiatrique.
Nadja fut écrit en grande partie en Normandie au cours de l'été suivant (1927). Dès sa publication, il fut reçu comme un des grands romans d'amour, aux côtés de La Princesse de Clèves ou de Dominique. Il est aussi désormais reconnu que "Nadja représente [...], dans la vie de Breton comme dans son oeuvre, un véritable pivot" (M. Bonnet).
Références : A. Breton, Oeuvres complètes, éd. de M. Bonnet, Pléiade I, p. 1508 et suivantes.
Exposition : Surrealism : Desire Unbound, Londres, Tate Modern, 2001.
Provenance : Pierre Leroy (vente Sotheby's, juin 2002, n° 48).