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Harpe anthropomorphe, Zande, République Centrafricaine
Description
- Zande
- Harpe anthropomorphe
- wood, zebu leather (bos taurus indicus)
- haut. 97 cm
- 38 1/8 in
Provenance
Collection privée
Catalogue Note
Paroles d'un chant Zande (Speranza in La parole du Fleuve, Harpes d'Afrique Centrale, 1999, p. 60).
Dès les années 1860, les premiers voyageurs occidentaux à pénétrer la région de l'Uele témoignent de l'importance majeure de la musique dans la culture Zande et, en particulier, de la pratique de la harpe : " Ils ont des jouissances d'un ordre plus élevé que le jeu, plus douces que la chasse et le combat : ils possèdent l'amour instinctif de l'art. Passionnés pour la musique, ils tirent de leur mandoline des sons qui retentissent jusqu'au plus profond de leur être " (Schweinfurth, Au cœur de l'Afrique (1868-1871), 1875, II, p. 28). Accompagnant ces récits, quelques harpes Zande sont alors rapportées en Europe, " autant pour la qualité de leur facture que pour les exceptionnelles têtes sculptées qui ornent le sommet de leur manche. À cette époque en effet, seuls les Zandé, héritiers d'une tradition ancestrale, avaient atteint un tel savoir-faire " (Brughière et Speranza, idem, p. 15).
Au sein du corpus restreint des anciennes harpes Zande, considérées comme un sommet de la lutherie pour leurs sonorités, la technique de jeu, et la beauté de l’ornementation, notre instrument s'impose par sa stupéfiante majesté. Comptant parmi les plus grandes du type, elle se distingue par sa superbe élégance avec une caisse cintrée dite " en violon " dont le bois léger est recouvert de peau, la ligne doublement arquée du cou et du chignon très étiré animant le manche autonome en bois dur, par le volume des cinq chevilles à tête hémisphérique et par l’expression affirmée du visage.
Par les scarifications à motifs quadrillés ornant la tempe et le front, le dessin concentrique ponctuant la nuque, et l’unique couture médiane de la peau (" comme toujours dans les beaux instruments " Dampierre, Harpes Zandé, 1991, p. 100), elle s’apparente à l’une des six harpes collectées en 1878 par Junker et conservée au Museum für Völkerkunde de Berlin (idem, p. 98-103). Sa haute coiffure conique, également arborée par la harpe Junker et par celle entrée en 1941 dans les collections du Musée de Tervuren (inv. n° 39704), se différencie toutefois par l'élégance de son extrémité évasée.
Cette œuvre constitue un remarquable témoignage de l’expression la plus ancienne et la plus aboutie de l’art des Zande, chez qui " la harpe est symboliquement identifiée à un être humain : le musicien dont l'instrument est un double ou le double de sa voix " (Speranza, idem, p. 72).
Anthropomorphic Harp, Zande, Central African Republic
'There once was a man named Nzanginza who fed himself without eating: every day, when he began to feel hungry, he would start to play his harp.'
Words of a Zande chant (Speranza in La parole du Fleuve, Harpes d'Afrique Centrale, 1999, p. 60).
As early as the 1860s, the first Western travellers to enter the hitherto unknown region of the Uele bore witness to the great importance of music, and especially the playing of the harp in Zande culture. 'They delight in higher things than games, softer things than hunting or fighting: they have an instinctive love of art. Lovers of music, they draw from their mandolins sounds that echo to the depths of their souls.' (Schweinfurth, Au cœur de l'Afrique (1868-1871), 1875, II, p. 28). Along with these accounts, a few Zande harps were brought back to Europe in this period, 'as much for the quality of their craftsmanship as for the exceptional carved heads that adorned the top of the curved neck. At the time, in fact, only the Zande, heirs to an ancient tradition, had reached such a level of expertise.' (Brughière and Speranza, ibid, p. 15).
Within the limited corpus of ancient Zande harps that form the epitome of the art of stringed instrument making, both for their musical qualities and the beauty of their ornamentation, the offered harp stands out in its breath-taking majesty. One of the largest of its type, the offered harp is also remarkable for the stunning elegance of its form - a waisted 'violin style' chamber, the light wood of which is covered in animal hide, a double curve forming the neckline and the very elongated chignon, which enliven the separately attached hard-wood neck. Similarly remarkable are the volume of the hemispherical headed tuning pegs and the forcefulness of the face.
The offered harp, through its chequered scarification pattern on the temples and forehead, the concentric pattern adorning the nape of its neck and the lone median seam of the hide ('as always with beautiful instruments' Dampierre, Harpes Zandé, 1991, p. 100), is closely related to one of six harps collected in 1878 by Junker, now in the Museum für Völkerkunde, Berlin (ibid., pp. 98-103). Its high conical coiffure, also present on the Junker harp and on the harp that entered the Tervuren Museum in 1941 (Inv. No. 39704), is differentiated by its elegantly flared end.
This piece stands out as a remarkable testament to the most ancient and most accomplished expression of the art of the Zande, for whom 'the harp is symbolically identified with a human being: the musician, whose instrument is either a double of himself, or a double of his voice' (Speranza, ibid., p. 72).