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Kazuo Shiraga
Description
- Kazuo Shiraga
- Gekidou suru aka
- signé et daté 69; signé et titré au dos
- huile sur toile
- 183 x 229 cm; 72 1/16 x 90 1/8 in.
- Exécuté en 1969.
Provenance
Acquis auprès de ce dernier par le propriétaire actuel (1971)
Exhibited
Catalogue Note
Gekidou suru aka est une œuvre de commande absolument inédite sur le marché depuis sa création en 1969 et son exposition en 1970 dans le Pavillon Midori-Kan de l’Exposition Universelle d’Osaka. Dans ce pavillon consacré aux artistes Japonais, le mouvement Gutaï était à l’honneur ; Gekidou suru aka en était le manifeste.
L’œuvre de Kazuo Shiraga suscite une fascination proche de celle que peut éprouver l’homme face aux puissances et au déchaînement des éléments naturels. Adoptant les préceptes du mouvement Gutaï dont il est l’un des leaders, l’art de Shiraga symbolise la quête d’une interaction immédiate entre le corps et la matière, entre l’énergie déployée par l’action de l’artiste et le support de son expression.
Fondé au début de l’année 1955, conjonction de gu (instrument) et taï (corps), Gutaï est ce mouvement de l’avant-garde japonaise où le rôle dévolu au corps de l’artiste introduit aux tendances les plus contemporaines de l’art (happenings et performances entre autres) : un art où la mobilisation du corps permet à l’artiste de composer à partir de sa nature à vif. Gutaï procède lui-même de Zerokaï fondé en 1952 par Shiraga avec pour ambition de créer un art à partir de rien, libre de toute intention et de toute convention. Dès 1955, délaissant les instruments traditionnels du peintre, animé par la volonté de révolutionner l’ « acte » de peindre, Shiraga se met à peindre directement avec les paumes et les doigts. Allant plus loin encore, il eut l’idée de poser la toile au sol et de la réaliser avec les pieds, accroché à une corde fixée au plafond afin de pouvoir, sans glisser, en atteindre le centre. Monumentale, à la démesure d’un corps confronté à l’espace et à celui de la toile, Gekidou suru aka est la concrétisation sublime d’un acte inédit, transgressif et spirituel : une œuvre où, levant les yeux pour éviter que son esprit ne vienne lui dicter une quelconque figure, l’artiste a de part en part librement déployé son énergie.
Outre la manière et la matière, c’est la couleur qui désigne Gekidou suru aka comme une œuvre virtuose.
Le regard est happé par la richesse et par l’intensité des couches successives de couleurs qui s’entremêlent en suivant des logiques différentes. Les tourbillons de rouges sombres - du pourpre au bordeaux - résultent d’une gestuelle de combat où l’esthétisme rouge-sang évoque l’univers du héros samouraï. Quant aux volutes de vermillon, de blanc pur et du jaune d’or, c’est l’esthétique lettrée de la calligraphie qu’elles suggèrent.
Dans cette dramatique de tons, l’huile est appliquée généreusement, en amas évoquant la texture de la lave. Les projections et éclats de peinture témoignent de la force du geste. L’enchevêtrement des couleurs atteste une agilité triomphante.
Gekidou suru aka est une œuvre de synthèse et de feu, à la conjonction de l’inspiration et de l’effusion.
Gekidou suru aka (literally Red Drama) is an exceptional monumental artwork that was made in 1969 for the Osaka World Exhibition in 1970. Shiraga described the work as “the expression of a burning and explosive energy” (Shiraga in Kazuo Shiraga,Kobe, Hyogo Prefectural Museum of Modern Art, 2001, pp.12-13), combining intellect and instinct.
Gekidou suru aka is a unique commissioned work on the market, since its creation in 1969 and its presentation in 1970 in the Midori-Kan Pavilion of the Osaka World Exhibition. This pavilion focused on Japanese art and paid tribute to the Gutaï movement; Gekidou suru aka was its manifesto.
Kazuo Shiraga’s work arouses a fascination similar to man’s feelings when faced with the force and violence of the natural elements. Shiraga was one of the leaders of the Gutai movement and his art adopted its precepts, symbolizing the quest for direct and immediate interaction between the body and matter, between the energy spent by the artist’s action and the medium of its expression.
The conjunction of gu (instrument) and taï (corps), Gutaï was a Japanese avant-garde movement founded in early 1955 where the role attributed to the artist’s body took on the most contemporary forms of art (happenings and performances, to name but a few): an art where the body’s mobility allowed the artist to work with living immediacy. Gutaï itself arose from Zerokaï founded in 1952 by Shiraga with the aim of creating an art out of nothing, free of all intention and all convention. From 1955, abandoning the painter’s traditional instruments and driven by the desire to revolutionize the “act” of painting, Shiraga started working with his palms and fingers. He even went so far as to place the canvas on the ground and painted with his feet, attached to a rope hanging from the ceiling in order to reach the center without slipping. Gekidou suru aka, a monumental work on the excessive scale of a body confronted with space and the whole canvas, is the sublime achievement of an unprecedented act, as transgressive as it is spiritual: a work where the artist lifts his eyes to avoid the dictates of his mind and freely unleashes his energy throughout.
Beyond its method and material, color also designates Gekidou suru aka as a masterful work.
The gaze is caught by the richness and intensity of the successive layers of color that combine according to their different paths. Swirls of deep reds – from purple to burgundy – are the result of a body language of combat where the blood-red aesthetic evokes the world of the Samurai hero. Curls of vermillion, pure white and golden yellow suggest the lettered aesthetic of calligraphy.
Within this theatre of color, the oil paint is applied generously, in heaps, evoking the texture of lava. The projections and bursts of paint testify to the force of gesture. The entanglement of colors indicates a glorious agility.
Gekidou suru aka is a work of synthesis and fire at the convergence of inspiration and effusion.