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Important fauteuil à la Reine en bois sculpté et doré d'époque Louis XV, vers 1755, estampillé N.Q. FOLIOT, livré pour Madame de Pompadour au château de Crécy, avec une marque au feu du château d'Anet
Description
- Haut. 105 cm, larg. 73,5 cm, prof. 69 cm
- Height 41 1/4 in, width 29 in; depth 27 1/4 in
Nicolas Quinibert Foliot, menuisier reçu maître en 1729
Provenance
- vendu avec le château le 21 septembre 1757 au Duc de Penthièvre puis envoyé avec tous les sièges de ce salon au château d'Anet en 1775 lors de la vente de Crécy.
- réservé par le gouvernement révolutionnaire en 1794
- Château de Neuilly au XIXe siècle
- collection américaine au XXe siècle
Literature
- Jean Vittet, "Le château de Crécy", dans le catalogue de l'exposition Madame de Pompadour et les Arts, Château de Versailles, 2002, mention du fauteuil p. 112
- Renaud Serrette, "From Madame de Pompadour to Chanteloup, by way of the duc de Penthièvre : a set of two bergères and six chairs at Waddesdon Manor", dans Waddesdon Miscellanea, Volume I, The Duc de Choiseul, 2009, pages 60 à 71, illustré p. 61
- Bertrand Rondot, "Fauteuil du salon du château de Crécy", catalogue de l'exposition Le Château de Versailles raconte le Mobilier National, Château de Versailles, 2010 et 2011, p. 92 à 95, fauteuil appartenant à Versailles exposé pour la première fois
Condition
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Catalogue Note
Le fauteuil fait partie d'un des plus extraordinaires mobiliers créés au XVIIIe siècle. Seul fauteuil connu avec celui de Versailles, il a été conçu aux environs de 1755 pour le grand salon d'assemblée du château de Crécy et commandé par madame de Pompadour.
Le fauteuil faisant paire avec celui-ci déposé au château de Versailles, fut identifié par M. Jean Vittet dans "Le château de Crécy", catalogue de l'exposition Madame de Pompadour et les Arts, Château de Versailles, 2002, mention du fauteuil p. 112.
En 1751, la marquise de Pompadour commanda à la manufacture des Gobelins un second mobilier, le premier ayant été tissé pour le château de Bellevue, dont "les desseins représentant les différents arts cultivés par de jeunes enfants nus. Chaque tableau est entouré d'une guirlande de fleurs et ornemens". Le modèle établi par François Boucher n'était pas encore finalisé en 1754 lorsque le directeur de la manufacture demanda "la mesure du canapé pour Crécy afin de le faire en mesme temps que les huit fauteuils". Le mobilier fut tissé puis livré en avril 1756. Il comprenait deux canapés immenses de quatre mètres cinquante de long ainsi que huit fauteuils et deux écrans de cheminée. Nicolas Quinibert Foliot fut chargé des bois tandis que très probablement François Toussaint Foliot les sculptait et Gaspard Marie Bardou les dorait.
En mai 1756, le marchand-mercier Lazare Duvaux complétait le mobilier en livrant "deux fortes grilles de feu à figures représentant les Arts en bronze doré d'or moulu" pour la somme très importante de deux mille cents livres et il accrocha les deux paires de bras "destinés à estre posés dans les deux bouts du salon de Crecy", provenant de Versailles.
Crécy fut vendu meublé par la marquise le 21 septembre 1757 au duc de Penthièvre, prince du sang, et grand Amiral de France. Celui-ci le garda dix-huit ans, puis le vendit à la princesse de Montmorency en gardant néanmoins certains décors peints, les deux fabuleux lustres de Caffieri (conservés aujourd'hui à la Bibliotèque Mazarine à Paris) et notre mobilier qui servit à meubler le salon des glaces à quatre fenêtres, le salon doré et le garde-meuble du château d'Anet, propriété du duc de Penthièvre.
Le mobilier princier fut confisqué puis envoyé à Paris avant d'être restitué à la fille du duc de Penthièvre, la duchesse d'Orléans et de meubler le château de Neuilly.
En 1848, après le pillage du château de Neuilly, il semblerait qu'un des fauteuils fut récupéré par l'Etat alors que le mobilier du château appartenait en propre au souverain. A ce jour, il manquerait donc les deux canapés, six fauteuils et les deux écrans.
Le château de Crecy
Le château de Crécy, proche de Dreux, fut la demeure la plus importante de la marquise et reste du grand public la plus méconnue. Au coeur d'une immense région de chasse le château fut bâti dès 1726 par l'architecte Nicolas Antoine Perrard pour le marquis de Crécy, Louis-Alexandre Verjus.
Elevé au bord de la rivière Blaise, le corps central ouvert par dix-sept croisées reposait sur une terrasse de cinq cent mètres de long. Sommé d'un toit à l'italienne, le château abritait plusieurs salons dont un de stuc sur deux niveaux.
Dès le 21 mai 1746, Louis XV acheta Crécy et l'offrit à sa toute nouvelle maîtresse en titre Madame de Pompadour. Celle-ci y entreprit de 1747 à 1755 d'immenses travaux dirigés par l'architecte Lassurance qui portèrent après la construction de deux ailes la longueur du château à cent quatorze mètres.
Dans la grande salle d'assemblée située à gauche du salon de stuc, des boiseries de Jacques Verbeckt furent posées ainsi que dans la bibliothèque de la marquise. En 1756, le salon central devenu salle à manger fut orné de stucs par Monsieur Mensiaux.
La marquise, en 1757, vendit Crécy au duc de Penthièvre (petit-fils de Louis XIV) pour un million de livres plus une rente de cent mille livres annuelles à partir de 1760.
En 1775, le duc qui était le plus grand propriétaire de France, se sépara de Crécy et le vendit à la princesse de Montmorency.
Dès 1791, la princesse émigra, la demeure fut saisie, le mobilier vendu et le château démoli par un homme d'affaires américain, Daniel Parker.
Le dessin
L'architecte Pierre Contant d'Ivry (1698-1777) entreprit pour le duc d'Orléans l'aménagement des nouveaux appartements de la duchesse au Palais-Royal. Il réalisa le décor de trois pièces, la chambre de parade, la salle de jeu et le salon d'assemblée dont les planches furent publiées en 1760 par Blondel dans l'Encyclopédie. La planche est reproduite dans B. Pallot, L'Art du siège au XVIIIe siècle, 1987, p.158 ; elle illustre un des canapés du salon d'assemblée. Le canapé présente de nombreuses analogies avec le mobilier de Crecy : ornements de feuilles d'acanthe sur le haut du piétement, coquille au centre de la ceinture et sur le couronnement mais surtout l'épaulement en volute à l'angle de la traverse haute et du montant du dossier. Le dessin est également à rapprocher des sièges exécutés par Foliot pour le baron de Bernstorff, conservés au Metropolitan Museum of Art à New York (Inv. 35-145).
Nicolas Quinibert Foliot (1706-1776)
Fils de Nicolas Foliot, Nicolas Quinibert Foliot fut reçu maître menuisier en 1729. Il exerça son activité rue de Cléry à Paris, rue des menuisiers en siège. Il travailla avec plusieurs sculpteurs dont son frère François Toussaint. il oeuvra pour la cour, notamment pour la fille de Louis XV, Madame Infante, pour le duc d'Orléans ainsi que pour le baron de Bernstorff.
L'étoffe
D'après un rapport d'expertise de M. Xavier Petitcol, le lampas broché dit 'naturaliste' aurait été tissé aux environs de 1735 sur un dessin probablement de Jean Revel (1684-1751).