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Parties de service nommé service Rousseau de 191 pièces en faïence fine de la manufacture de Lebeuf et Milliet à Creil-Montereau et des maisons Toy et Léveillé à Paris de la fin du XIXème siècle
Description
- Soixante-douze assiettes plates dont trente-trois en faïence de Creil-Montereau (quinze avec éclats restaurés), trente-trois de la maison Toy et Léveillé et six de la maison Léveillé (l’une restaurée)
- Soixante-cinq assiettes à dessert dont vingt-six en faïence de Creil-Montereau (dont six avec éclats restaurés), vingt-neuf de la maison Léveillé et dix de la maison Toy et Léveillé
- Dix-sept assiettes à potage dont douze en faïence de Creil-Montereau (dont trois avec éclats restaurés) et cinq de la maison Léveillé
- Un grand plat ovale à poisson et son égouttoir en faïence de Creil-Montereau (longueur : 59,5 cm)
- Trois plats ronds en faïence de Creil-Montereau (Longueur : 28 cm, 30 cm et 32 cm)
- Un plat rond de la maison Toy et Léveillé, un plat rond en porcelaine probablement de Bayeux (longueur : 30 cm)
- Deux plats ovales en faïence de Creil-Montereau (longueur : 43 cm et 37 cm, fêlures restaurées)
- Deux plats ovales de la maison Toy et Léveillé (longueur : 37,5 cm, l’un avec fêlure restaurée)
- Une soupière ovale couverte de la maison Toy et Léveillé (longueur : 39 cm, hauteur : 20 cm)
- Une jatte reposant sur trois pieds à trois bords repliés en faïence de Creil-Montereau(longueur : 28 cm)
- Un sucrier couvert de forme balustre à paroi côtelée à deux anses en forme de branchage en faïence de Creil-Montereau (hauteur : 16 cm, un éclat restauré sur le bord du couvercle)
- Deux pots à lait à paroi côtelée de forme balustre, l'anse en forme de branchage en faïence de Creil-Montereau (hauteur : 16,2 et 13,2 cm, un éclat restauré à un déversoir)
- Un sucrier ovale couvert sur plateau attenant, la prise du couvercle en forme de fruit et feuillage en faïence de Creil-Montereau (longueur : 25 cm)
- Deux saucières ovales sur plateau attenant ovale, l’une avec anses en forme de branchage, l’une en faïence de Creil-Montereau, l’autre de la maison Toy et Léveillé (longueur : 27 cm, égrenures restaurées aux anses)
- Quatre raviers ovales à bord contourné en faïence de Creil-Montereau (longueur : 19,5 cm)
- Quatorze plateaux sur piédouche nommés guéridon ou assiette à pied en faïence de Creil-Montereau (longueur : 21 cm et 23 cm, hauteur : 8 cm et 10,5 cm. deux avec un petit éclat restauré sur le bord)
- Une écuelle en porcelaine de Bayeux du même décor
Les faïences de Creil-Montereau marquées : Creil LM et Cie Montereau Modèle Rousseau à Paris ; les faïences de Léveillé marquées : E. Lévéillé Paris, 74 boulevard Haussmann et maisons Toy et Léveillé réunis 10 rue de la Paix à Paris
Literature
Catalogue Note
Catalogue général de l'Exposition Universelle de 1867 à Paris, Paris, 1867.
J.P. Bouillon, C. Shimizu, P. Thiebaut , Art, industrie et japonisme : le service Rousseau., catalogue d’exposition 1988.
L. d’Albis : « les débuts du japonisme céramique en France de Bracquemont à Chapelet », Sèvres, n° 7, 1998, pp. 21-31,
J.P. Bouillon, C. Meslin-Perrier, Félix Bracquemond et les arts décoratifs, du japonisme à l’art nouveau, catalogue d’exposition, 2005.
Le graveur et céramiste français Félix Bracquemond (1833-1914) est une figure incontournable de la vie artistique de la seconde moitié du XIXème siècle. Il fut l’ami proche de Manet, Degas, Gauguin et Rodin, mais aussi de Gautier ou encore des frères Goncourt. Avant tout graveur, il est à l’origine du renouveau de la technique de l’eau-forte. Il guide ainsi de nombreux artistes dans cette voie, de Corot à Milliet, sans oublier Degas et Pissarro, au sein du groupe impressionniste dont il est un membre actif. Sa renommée repose aussi sur sa découverte et son appréciation des estampes japonaises qui participeront au renouvellement esthétique de l’art moderne.
En 1856, Bracquemond découvre un recueil des gravures du japonais Hokusai, typique du genre pictural connu au Japon sous le nom de « Kachô-ga », peinture de fleurs et oiseaux avec figuration d'insectes, crustacés et poissons. Il est séduit par ce thème qui fera de lui l'initiateur de la vogue du japonisme en France à la fin du XIXème siècle.
Entre 1860 et 1864, une collaboration avec Théodore Deck lui permet de travailler sur la céramique dans le cadre des arts décoratifs.
L’histoire du service Rousseau commence le 16 mars 1866, par la première lettre que le commanditaire, François-Eugène Rousseau, adresse à Bracquemond. Rousseau (1827-1890) est dans les années 1860 un « marchand-éditeur » employant des ouvriers libres. Il a le projet d’un service en faïence et ses idées de décors et demande à Bracquemond un conseil technique pour sa réalisation. Bracquemond prend l’affaire en main et ce sont les planches gravées par Bracquemond lui-même qui sont apportés à la manufacture de Montereau où le service doit être réalisé. Les sujets japonais sont empruntés à différents albums d’Hokusai, Hiroshige, ou encore Katsushika Isai et disposés de manière aléatoire, suivant une composition ternaire, un grand sujet accompagné de deux petits.
Ce service sera présenté pour la première fois à l'Exposition Universelle de 1867 où il obtint un très grand succès. Le jury remet une médaille de bronze à Eugène Rousseau et une médaille d'or à la manufacture Lebeuf et Milliet.
Le service est ensuite complété (tasses à thé, à café, théière, pot à sucre) et la fabrication sera laissée à la manufacture de Creil et Montereau. Barluet, successeur de Lebeuf le réédita au début des années 1880. En 1885, Eugène Rousseau cède son affaire à Ernest-Baptiste Leveillé qui continue l'édition de ce service sous sa propre marque.
A l’occasion de la présentation du service Rousseau à l’Exposition international de Londres, Mallarmé publie en 1871 un vif éloge renouvelé en 1872: « Je m’étais refusé toute allusion forcément trop brève à cet admirable et unique service, décoré par Bracquemond de motifs japonais empruntés à la basse-cour et au réservoir de pêche, la plus belle vaisselle récente qu’il me soit donné de connaître. Chaque pièce, les assiettes même, veut sa description spéciale », « Je devrais particulièrement citer, comme traduction du haut charme japonais faite par un esprit très français, le service de table demandé, hardiment, au maître aquafortiste Bracquemond où se pavanent, rehaussés de couleurs joyeuses, les hôtes ordinaires de la basse-cour et des viviers ».